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2 mai 2018 3 02 /05 /mai /2018 10:47

 

 

 

Chaque année un grand nombre de personnes est attirés par les zones volcaniques et géothermiques. Cette attirance n’est pas nouvelle car les volcans actifs et inactifs et leurs reliefs uniques associés ont fasciné les humains tout au long de l’histoire. Avec plus de 1500 volcans actuellement classés comme actifs dans le monde une grande partie des destinations touristiques de découverte de la nature se portent vers eux.

 Dans de  nombreuses régions, la planification de la gestion de risque inclue actuellement uniquement les résidents et les communautés qui vivent à proximité des volcans actifs. Bien qu’il y ait un nombre de visiteurs temporaire de plusieurs millions chaque année,  ils sont généralement ignorés malgré le fait qu’ils contribuent notablement à l’économie dans de nombreux pays où le tourisme volcanique constitue l’une des principales sources de revenus du tourisme. Les excursions sur volcans sont souvent effectuées indépendamment des saisons et du climat ; elles proposent en plus des environnements naturels uniques et sont donc des destinations avec un large éventail de possibilités de loisirs.  La récente tendance de voyages nature basée sur le géotourisme a entraîné une augmentation d’intérêt pour les destinations volcaniques et géothermiques et leur riche patrimoine environnemental. Les reliefs uniques des volcans actifs et des zones géothermiques sont particulièrement intéressantes pour les voyageurs qui apprécient un séjour touristique plus aventureux. Au fil du temps il est devenu évident que le tourisme volcanique est un sous-secteur de plus en plus populaire du géotourisme et de l’écotourisme. Ce qui est également devenu évident est souvent, l’absence apparente de consignes et recommandations pour les visiteurs dans un grand nombre de ces environnements potentiellement hostiles. Bien que de nombreux parcs nationaux et d’autres zones protégées fournissent des renseignements pour les visiteurs, y compris pour les signes avant-coureurs, des annonces et des vidéos éducatives, elles ne sont pas toujours accessibles en plus que la langue locale.  Cette omission fait qu’il est difficile d’élever le niveau de sensibilisation pour tous les touristes au sujet de possibles accidents et urgences, parce que le danger est soit ignoré ou n’est pas perçu comme tel en raison du manque d’informations complètes.  En fait, les touristes ne peuvent parfois même pas être au courant qu’ils visitent un environnement actif et dangereux.

Des blessures plus ou moins graves se produisent régulièrement lorsque les gens visitent les milieux naturels qu’ils ne connaissent pas et sous-estimes les dangers potentiels comme par exemple la concentration de gaz, l’activité thermale, les avalanches et chutes de pierres. Dans le cas d’une éruption inattendue, des objets balistiques de tailles diverses et à température variables peuvent infliger de sérieuses blessures voire causer la mort. La récente catastrophe qui a fait 48 victimes sur le volcan Ontake au Japon en 2014 en est un malheureux exemple.  Afin de réduire le risque potentiel du tourisme volcanique, il est nécessaire de développer une information plus large et adaptée et de mettre en place des systèmes d’alertes et de secours.

                                                                                                                  Henry Gaudru

 

Volcan Ontake - Japon - 2014

                                                                  

Lire aussi :

http://www.parismatch.com/Vivre/Voyage/Interview-d-Henry-Gaudru-volcanologue-et-president-de-la-Societe-Volcanologique-Europeenne-604016

Livres récents et à paraître de Henry GAUDRU : https://www.deboecksuperieur.com/auteur/henry-gaudru

For English readers : volcanic tourist destinations - P.Erfurt Cooper and al. - Springer Edition - https://www.springer.com/gp/book/9783642161902

Volcano and geothermal tourism - P.Erfurt Cooper and al.

https://www.routledge.com/Volcano-and-Geothermal-Tourism-Sustainable-Geo-Resources-for-Leisure-and/Erfurt-Cooper-Cooper/p/book/9781138994119

 

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21 octobre 2016 5 21 /10 /octobre /2016 10:31

Volcan Misti - Perou (H.Gaudru)

Volcans de la Ceinture de Feu – un risque majeur

Parmi les 1 500 volcans considérés potentiellement actifs, les plus dangereux sont situés dans la "ceinture de feu" du Pacifique. Cette longue guirlande volcanique prend naissance aux îles Sandwich, continue vers la pointe méridionale de l'Amérique du Sud, remonte le long de l'Amérique centrale et des zones côtières de l'Amérique du Nord, va jusqu'en Alaska, rejoint le Japon ainsi que les Philippines, fait un détour par l’Indonésie (arc de la Sonde) puis finit dans le Pacifique Sud,  au sud de la Nouvelle-Zélande. Le volcanisme des régions de la ceinture de feu est dangereux et meurtrier, car généralement explosif » Les volcans  s’égrènent le long des zones de subduction autour du pacifique témoignant d’une importante activité tectonique souterraine. 

Il existe plus d’une centaine de volcans considérés à haut risque dans le monde en raison de leur caractère souvent explosif et de la densité de population dans leurs alentours La grande majorité se trouve autour du Pacifique. Depuis l’année 1700, 27 éruptions, ayant fait plus de 1000 victimes chacune, ont été recensées. Durant cette même période, d’autres éruptions moins importantes mais plus fréquentes, étaient responsables de plus de 10 000 morts supplémentaires.
En moyenne, la région Pacifique connaît plusieurs éruptions catastrophiques par siècle. Durant le XXe siècle, l’éruption du Nevado Del Ruiz en Colombie  fait 23 500 morts en 1985. En 1991, le Pinatubo aux Philippines a causé la mort d’environ 800 personnes et fait d’importants dégâts. Au XIXe siècle, l’Indonésie a aussi été particulièrement touchée, puisqu’on a déploré 36 600 victimes au Krakatau en 1883 et plus de 90 000 au Tambora en 1815 (victimes directes et indirectes).

Un grand nombre de grandes villes se situent le long de la ceinture de feu du Pacifique Des études récentes ont montré que près de 50% de la population mondiale se trouve à moins de 31km d’un volcan et environ 80% dans un rayon de moins de 60 km. Toutefois selon les régions, la densité de population n’est pas la même. Si au Japon et au Chili et également en Nouvelle-Zélande plus de 78% de la population habitants près d’un volcan se trouve en zone urbaine, dans d’autres régions du Monde la population exposée est plus rurale. C’est le cas notamment pour l’Indonésie, les Philippines et plusieurs autres pays d’Amérique latine. Le risque pour les populations est donc particulièrement élevé et nécessite des mesures appropriées.

Le risque volcanique dans ces régions en bordure du Pacifique peut être appréhendé en prenant en compte le caractère et la fréquence des éruptions par le passé et leurs conséquences. La plupart des volcans à hauts risques sont placés sous haute surveillance afin de pouvoir connaître l’état dans lequel ils se trouvent et détecter d’éventuels signes précurseurs d’une éruption (observatoire volcanologique, mesures automatiques et de terrain). En addition, des programmes de prévention sont mis en œuvre sous la forme d’informations aux populations et d’élaboration de cartes de risques et de plans d’évacuation.

Henry Gaudru

 

Pour en savoir plus : «  La ceinture de feu, volcans actifs autour du Pacifique » par Henry Gaudru – Editions Vuibert 2016 -  http://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782311403121-la-ceinture-de-feu

 

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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 10:50
                                   LE VOLCANISME, aléas et risques

                                                              La ville de Plymouth détruite par les coulées pyroclastiques

                                                                du volcan de la Soufriere Hills - Montserrat - H.Gaudru

Introduction

 

Le volcanisme est un risque majeur contre lequel l’homme ne peut que se protéger de manière passive. On ne peut empêcher une éruption d’avoir lieu. Mais on peut tenter de la prévenir et prendre des dispositions pour minimiser ses conséquences sur le plan humain. Ainsi, contrairement à d’autres risques naturels, la réduction du nombre des victimes est parfaitement possible, tandis que la protection des biens demeure toutefois très illusoire.

Les clés de cette protection passive sont une solide connaissance de l’histoire du volcan, une surveillance capable de détecter tout signe annonciateur d’une éruption, une information et une sensibilisation préventive de la population, un bon système d’alerte et enfin des moyens de protection (évacuation principalement) prêts à être mis en œuvre.

 

Volcans actifs... volcans éteints...

 Les temps géologiques diffèrent des temps humains. Quelques siècles représentent parfois l’histoire entière de certains pays mais ceci est infime à l’échelle des longs processus d’évolution de notre planète lesquels peuvent soudainement se manifester de manière violente. Par conséquent des volcans sans éruptions historiques connus peuvent devenir actifs. L’un des exemples récents est le réveil du volcan Pinatubo aux Philippines en 1991 après environ 600 ans de sommeil ; il a été responsable de l’une des éruptions majeures du 20ème siècle. Il apparaît donc que dans un contexte géologique actif, l’absence d’évidence d’activité historique ne peut pas être considéré comme une preuve que le volcan soit éteint. Il est donc nécessaire d’établir par des méthodes scientifiques si tel volcan est vraiment éteint (sans éruption prévue dans le futur) ou bien seulement endormi (avec ou sans activité courante visible, mais susceptible d’entrer en éruption dans le futur).

 

 Aléa et risque volcanique

 La progression des connaissances en volcanologie des ces 50 dernières années a permis aux scientifiques d’élaborer des méthodologies leur donnant la possibilité de prévoir à plus ou moins long terme les dangers liés à l’activité volcanique. Ces méthodologies, bien que n’étant pas infaillibles, ont fait leur preuve dans situations de crises au cours du 20ème siècle. Parmi ces exemples , il y a notamment ceux du volcan Galunggung en Indonésie en 1982-1983, du volcan Pinatubo aux Philippines en 1991 et du volcan Rabaul en Papouasie Nouvelle-Guinée en 1994.

 

La  distinction entre les notions d’aléas et de risques volcaniques est importante. Ces notions sont souvent confondues :

 

L’aléa est la probabilité qu’une région donnée soit affectée par un phénomène volcanique potentiellement destructeur pour une période de temps donnée,

Le risque est la possibilité d’une perte en vie humaine ou d’une perte économique à l’intérieur d’une région susceptible d’être affectée par un phénomène volcanique destructeur.

 

L’évaluation de l’aléa ne tient compte que des phénomènes naturels et de leurs fréquences d’occurrence. Une coulée pyroclastique représente donc un aléa quelque soit le volcan sur lequel elle se produit. Quant à l’évaluation du risque, elle prend en compte non seulement les phénomènes naturels mais également les aspects humains et socio-économiques d’une région qu’ils sont susceptibles d’affecter. Une coulée pyroclastique représente un grand risque sur un volcan densément peuplé, alors qu’elle ne représente aucun risque sur un volcan dont les flancs et les alentours sont déserts. L’étude de l’aléa incombe aux seuls scientifiques, alors que l’évaluation et la gestion du risque fait appel aussi à de nombreuses autres compétences professionnelles: sociologues, économistes, politiques, etc...

 

 Evaluations des aléas volcaniques

 

Une évaluation globale des aléas volcaniques d’une région donnée est la somme d’une évaluation à court terme, ou immédiate, et d’une évaluation à long terme. L’évaluation à court terme des aléas volcaniques fait appel aux techniques de surveillance dont les plus courantes sont la sismologie, l’étude des déformations du sol et l’étude des gaz. Elles ont pour but de décrire l’état présent du volcan et de détecter les variations de paramètres géophysiques et géochimiques qui généralement précèdent et accompagnent les éruptions. Elles fournissent une information essentielle pour faire une prévision, éventuellement une prédiction, du comportement futur du volcan dans un laps de temps relativement court (quelques mois à quelques heures. L’évaluation à long terme des aléas volcaniques repose sur un principe de base qui est: le passé est la clé du futur.  Ce principe de base implique que :

1) les phénomènes volcaniques futurs seront probablement les mêmes que les phénomènes éruptifs passés ;

2) L’intensité du phénomène et l’extension de la zone affectée ne devraient pas excéder les effets du plus important phénomène passé de même type ;

3) la probabilité d’occurrence du phénomène dépendra de sa fréquence passée ou de l’évolution particulière du volcan (cyclique ou linéaire)

Ce principe conduit à évaluer les aléas d’un volcan donné essentiellement d’après son activité éruptive passée, historique et préhistorique. Une fois que l’on connaît l’histoire éruptive d’un volcan avec suffisamment de précision, on peut alors délimiter les zones susceptibles d’être touchées par de futures éruptions. Ceci aboutit à l’élaboration de cartes de zonation des aléas volcaniques qui serviront à tous les responsables de la gestion des régions sous la menace d’une éruption volcanique. Ces cartes ont deux buts principaux : déterminer les régions qui devront être évacuées et évitées en cas d’éruption et de permettre une meilleures planification à long terme de la gestion du territoire.

                                                                                                                                                                           Henry Gaudru - 2013

 

* Henry Gaudru - Président de la S.V.E., conseiller scientifique auprès des Nations Unies pour l'atténuation des risques volcaniques (UNISDR), membre de la Commission Cities on Volcanoes (IAVCEI), membre de l'Union Européenne des Geosciences (EGU)

 

* Pour en savoir plus sur les volcans et les risques : à la découverte des volcans extrêmes, par Henry Gaudru et Evelyne Pradal paru aux Editions Vuibert (novembre 2013) - Un ouvrage illustré avec de nombreuses photos en couleurs. En vente en librairie et sur internet.

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 14:50

 

                                           Kamchatka - Koriaksky-Petropavlosk2 Le volcan Koriaksky proche de Petropavlosk (Kamchatka)

- H.Gaudru - 1992

 

Introduction 

 

Chaque année,  de nombreux volcans dans le Monde connaissent une éruption. Les plus grandes d’entre-elles, lorsqu’elles surviennent dans les zones habitées, mettent en danger la vie des populations et causent d’importants dommages aux infrastructures et aux cultures.

Cependant comparées à d’autres catastrophes naturelles, telles les séismes, les inondations ou encore les grandes sécheresses, le potentiel destructif global des éruptions volcaniques est généralement moindre. En outre, la plupart des éruptions, par leur nature, ne présente pas de danger particulier pour les êtres vivants aux abords des volcans.

  

Les différents risques volcaniques :

 

1)      Les coulées de lave – Ce type de phénomène, bien que spectaculaire, est l’un moins dangereux pour les vies humaines que pour les bâtiments, les infrastructures, les voies de communication, etc… Du fait que le chemin d’épanchement probable peut être plus ou moins prédit, des mesures de diversion de coulées peuvent être envisagées. Cependant de telles mesures ne sont pas obligatoirement un gage de succès. Les laves les plus visqueuses avancent souvent lentement et sur de courtes distances et ont tendance à s’empiler au-dessus de la bouche éruptive pour former un dôme de lave. De tels dômes peuvent s’effondrer de manière répétitive et générer de dangereuses avalanches de blocs chauds, des coulées cendreuses, et des blasts.

 

2)      Les gaz – La libération des gaz peut s’effectuer pendant une éruption mais également en période non-éruptive. Certains des gaz émis par les volcans peuvent être mortels en cas de fortes concentrations. Le temps de réaction disponible pour déclencher une alerte rapide est très court, et des études intensives de ce type de phénomène avec en addition des instruments de surveillance permanente des zones à risque s’avèrent absolument nécessaire pour tenter de limiter les risques.

 

3)      Les chutes de cendres – Les cendres qui retombent au cours d’une éruption ne mettent pas directement et immédiatement en danger les vies humaines, bien que l’effondrement de toitures sous le poids de ces produits volcaniques puisse survenir. Cependant, de considérables dommages peuvent être causés à l’agriculture locale et aux industries, même à des distances de plusieurs dizaines de kilomètres du volcan.

 

4)      Les coulées pyroclastiques – Ce type de coulées et les surges de faible densité qui leur sont souvent associés représentent le danger volcanique majeur pour les populations vivants à proximité. Du fait que ces coulées pyroclastiques, qui peuvent atteindre parfois des températures de près de 800°C , s’épanchent à des vitesse de plusieurs centaines de km/h, les systèmes d’alerte rapide efficaces pour ce type de phénomène s’avèrent pratiquement impossible. Des situations encore plus dangereuses peuvent se développer si ces coulées pyroclastiques surviennent sur des volcans enneigés ou couvert de glaciers, en causant la fonte brutale de ces matériaux.

 

5)      Les lahars (coulées de débris et boue volcanique) – Ce type de phénomène est également un danger majeur pour les habitants, les terrains agricoles et les zones urbanisées. Les lahars peuvent s’écouler rapidement et leur pouvoir de destruction est considérable. Ils peuvent survenir comme une conséquence directe d’une éruption volcanique, en présence par exemple d’un lac de cratère, ou comme un événement secondaire résultant d’une forte pluie pendant ou après l’éruption. Les habitants des zones les plus éloignées peuvent néanmoins être avertis  plusieurs heures en avance. La présence d’appareils de surveillance et d’alerte sur les volcans à risque n’est cependant pas une garantie totale de sécurité au regard de ce type d’événement.

 

6)      Les avalanches de débris – L’effondrement de larges parties d’un édifice volcanique peut occasionner des avalanches de débris d’un volume très important. Ces avalanches sont très mobiles et peuvent non seulement ensevelir des surfaces de terrain considérables, mais également être à l’origine de raz de marée (tsunami) dévastateurs si elles se déversent dans un lac ou dans l’océan.

 

On considère en général que plus un volcan a été longtemps inactif, plus sa prochaine éruption peut être explosive et le volume de matériaux important. Les longues périodes de sommeil sont assez caractéristiques pour beaucoup de volcans. Il est donc souvent difficile de dire quand un volcan est vraiment « éteint » car certains d’entre eux ne redeviennent actifs qu’après des centaines voire des milliers d’années. Les volcans considérés à haut-risque sont principalement ceux qui entrent en éruption une ou plusieurs fois par décennie, qui sont encore peu connus ou pas assez surveillés, et qui sont entourés par une densité de population importante.

 

Les dommages et les risques pour la vie des hommes, les structures sociales, les infrastructures et les propriétés peuvent être induits non seulement par les effets directs des éruptions mais aussi par des phénomènes secondaires comme  les tsunamis, mais également les composants des cendres volcaniques (soufre, fluorine...), les panaches et aérosols issus des volcans et qui sont susceptibles de causer des problèmes pour l’aviation comme l’a démontré la récente éruption de l’Eyjafjallajokull en Islande en 2010. Si les aérosols émis lors de larges éruptions volcaniques s’élèvent à haute altitude il peuvent tourner autour de la Terre pendant plusieurs années. Ces émissions de  volumineuses quantités de dioxyde de soufre et d’halogènes dans la stratosphère peuvent mener à une baisse de température à la surface de la Terre.

 

L’arsenal des méthodes permettant d’étudier et d’ausculter un volcan est de plus en plus développé et de nos jours la volcanologie dispose d’outils technologiques qui peuvent, associés à l’établissement de cartes de risques et à la prévention par l'éducation et la sensibilisation des populations,  être en mesure de réduire les conséquences de la plupart de ces phénomènes volcaniques.

 

HENRY GAUDRU - 2011

 

 

moi - unisdr press meetingHenry Gaudru - Président de la SVE - Conseiller scientifique auprès des Nations Unies pour l'atténuation des risques volcaniques UNISDR - Commission Internationale pour l'atténuation des risques volcaniques IAVCEI -  Commission Cities and Volcanoes - EGU member  - Photo Conférence de presse aux Nations Unies durant l'éruption de l'Eyjafjallajokull en avril 2010 -                                  

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26 mars 2008 3 26 /03 /mars /2008 15:52

L'HOMME  FACE AUX RISQUES VOLCANIQUES

 

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Cameroun-coul-e-avril-99.jpg               

   


     







     Mont Cameroun - Eruption 1999 (H.Gaudru)                                         

 

Plusieurs millions de personnes dans le Monde vivent à proximité des volcans. A tous moments la colère meurtrière d'un cône volcanique apparemment paisible peu  transformer les villes et les villages en autant de Pompeï moderne. link

 Environ 50 à 60 volcans entrent en éruption chaque année à travers le monde. Les éruptions les plus importantes mettent en danger la vie et  détruisent les zones de peuplement. Les volcans les plus dangereux se trouvent  en grande majorité dans les pays du tiers monde comme le montre le nombre de victimes depuis l'an 1600.  Dans ces régions, les éruptions sont particulièrement explosives et présentent un risque accru à cause de la densité de population et le regroupement des infrastructures autour de volcans potentiellement actifs.

 

L'atténuation des risques volcaniques est possible, mais elle nécessite la combinaison de nombreux éléments  et notamment :

 

-  La prévision scientifique

-  La capacité de décision des autorités

-  La prise de conscience des populations

 

1) L'aspect scientifique

 

Une bonne connaissance scientifique du phénomène éruptif et de ses diverses manifestations et une bonne connaissance de l'histoire du volcan comptent parmi les critères primordiaux afin d'envisager les types d'activité possibles et l'extension possible du phénomène et pouvoir évaluer le risque pour telle ou telle zone autour du volcan.

 

2) L'aspect politique

 

Le second acteur indispensable pour une réduction des risques volcaniques c'est l'autorité politique locale et nationale.  En fonction des cartes de risques  établies par les scientifiques, des informations communiquées, elle doit appliquer des mesures de prévention, édifier d'éventuels ouvrages de protection et prévoir des plans d'évacuation en cas d'extrême nécessité.

 

3) L'aspect social et humain

 

L'atténuation du risque volcanique passe également par une prise de conscience des populations susceptibles d'être menacées l'activité volcanique. Pour cela il est nécessaire de développer la communication entre les scientifiques, les autorités et le public afin de sensibiliser les populations aux dangers volcaniques qui peuvent  se produire. Eduquer les autorités et informer les communautés.

 

La combinaison de ces éléments paraît indispensable pour limiter au maximum les risques volcaniques.

Dans la réalité ceci ne va pas toujours sans poser de grands problèmes et le premier challenge dans le domaine de la réduction des risques volcaniques est donc de  faire passer le message entre les composantes scientifiques, politiques, économiques, sociales et humaines. Il arrive encore parfois que par manque de connaissance, l'un des groupes considérés ne perçoit pas le risque à sa juste mesure et "brise" l'indispensable connexion entre les acteurs.

 

QUESTIONS ET REPONSES

 

Dans le domaine de la gestion du risque volcanique de nombreuses questions se posent aux différents acteurs concernés. Avant, pendant et après la crise, chacun des responsables doit pouvoir répondre à l'attente des populations de la manière la plus claire et la plus précise possible.  Parmi ces questions importantes :

 

A) Comment détecter les précurseurs et les interpréter de manière à envisager l'évolution de l'activité ?

 

Le développement des méthodes pour prédire les éruptions volcaniques est extrêmement important. La détection des précurseurs est d'autant plus certaine si le volcan est bien surveillé et bien instrumenté. La présence d'un observatoire permanent est un moyen important dans ce domaine. Les éruptions volcaniques sont souvent annoncées plusieurs années, plusieurs mois, plusieurs jours à l'avance par l'apparition de séismes qui s'accroissent peu à peu avant le commencement de la phase éruptive et qui signalent la remontée du magma vers la surface. La lente ascension du magma peut être mesurée par des instruments géodésiques moderne, notamment la déformation du sol. La température des émissions fumerolliennes et le changement de leur composition isotopique peuvent également fournir des informations importantes (géochimie).

Dans la première phase de détection des signes précurseurs, il est difficile de savoir exactement si ceux-ci iront en augmentant ou non et donc si la situation est susceptible d'évoluer dangereusement. L'aspect économique n'étant pas un des moindre, dans ce cas quelles sortes d'équipements scientifiques faut-il installer ?, combien de temps faut-il consacrer à ce volcan en particulier dont rien ne prouve au début que cela aboutira à une éruption pouvant mettre en péril des populations ?

Mais si  rien n'est fait, il y a un risque que le volcan entre en éruption sans que l'alerte puisse être donnée et dans ce cas les scientifiques auront failli à leur travail.

 

B) Quand l'éruption commencera t-elle ?

 

La prédiction d'une éruption est souvent possible lorsque les signes précurseurs augmentent de façon régulière et exponentielle. Dans la grande majorité des cas,  une éruption se produit, mais pas toujours obligatoirement. Certaines formes d'activités volcaniques se produisent sans précurseurs. Pour tenter d'appréhender au mieux le début d'une éruption il est nécessaire ici d'avoir un maximum de données dans un temps le plus court possible. Parfois, pour des raisons diverses, les scientifiques préfèrent encore "ruminer" lentement leur propre données de façon méthodique et dans la tranquillité de leur laboratoire ; toutefois en cas de crise, les données recueillies par tel ou tel scientifique doivent pouvoir être examinées par l'équipe en charge le plus rapidement possible. 

 

C) Quelle forme d'activité prendra l'éruption ?

 

Grâce au progrès de la volcanologie il est maintenant possible  d'estimer la probabilité l'extension et la magnitude de chaque type d'éruption, (coulée de lave, retombées, coulées pyroclastiques, etc...) mais il est encore souvent difficile de pouvoir avec exactitude réaliser une prédiction du type et de la magnitude d'une éruption imminente spécifique. En sachant cela, les scientifiques doivent-ils faire part du scénario le pire pouvant se produire ou restreindre l'information auprès des autorités et du public pour éviter des conséquences locales humaines et économiques  indésirables (pertes de travail, suspension des polices d'assurance, panique, etc...)

 

D) Si une éruption est déjà commencée, ira-t-elle en augmentant ou en diminuant ?

 

Au vu des connaissances actuelles et de l'expérience acquise au cours des 30 dernières années, il est globalement possible d'envisager l'évolution probable de tels ou tels types d'éruptions. Dans le détail cependant, il demeure encore parfois extrêmement difficile d'interpréter sans erreur possible les différents paramètres souvent complexes relevés au cours d'une éruption volcanique.

Quand la probabilité d'un accroissement de l'éruption s'avère importante, les scientifiques doivent prévenir les autorités (ni trop tôt...ni trop tard) avec toujours le risque de déclencher une fausse alerte.

Lorsque l'alerte est donnée par les scientifiques, on peut se heurter parfois au scepticisme des autorités et plus généralement à l'incrédulité des populations :

 

"IMPOSSIBLE CELA NE PEUT PAS NOUS ARRIVER" est une phrase que j’ai souvent entendue, car les catastrophes n'arrivent qu'aux autres, c'est bien connu.

 

On peut également se heurter au scepticisme ou à la pression d'intérêts économiques locaux. Certains officiels ne délivrant pas à temps le message d'alerte des scientifiques. Dans cette situation, faut-il continuer à travailler avec les services officiels ou bien les court-circuiter en informant directement le public ?

Si les autorités reçoivent le message, la prochaine question d'importance qui se pose concerne à la fois les scientifiques et les autorités

 

E) Evacuer ou ne pas évacuer ?

 

La décision d'évacuer une population nécessite un diagnostic rapide et sûr qu'il est souvent difficile de formuler. Une décision comme celle-ci dépasse le cadre strictement scientifique et pose des problèmes humains, sociaux, économiques et politiques.

Les autorités politiques en charge d'organiser l'évacuation des populations sur avis des scientifiques doivent avoir une réponse claire et nette de leur part.

 

F) S'il y a plusieurs réponses des scientifiques, que devons nous penser ?  disent les responsables

 

Il est indispensable en effet que les scientifiques parlent d'une seule et même voix pour ne pas que les autorités se pose cette question.  Il faut donc qu'il y ait un consensus. Cependant celui-ci n'est pas toujours possible, notamment pendant les crises où chacun est sous la pression  du temps. Faut-il que le responsable scientifique attende pour obtenir ce consensus ou bien informer les autorités avant celui-ci  et décrire les hypothèses envisagées par chacun  avec le risque de voir la crédibilité diminuer.

S'il y a consensus, il est nécessaire d'exprimer de façon simple et claire aux autorités pas forcément habitué aux jargons scientifiques les événements susceptibles de se produire et par rapport à cela les mesures qu'ils doivent prendre.

Parmi les décisions des autorités il faut savoir qui, quand et comment avertir les populations et également quels messages envoyer. La réaction des populations est essentielle et c'est pour cela qu'elle passe par une sensibilisation préalable par l'information et la communication.

Après le diagnostic et les mesures qui en découlent, survient une question importante pour les autorités et les populations (notamment si l'évacuation a eu lieu)

 

G) Combien de temps durera l'éruption ?

 

A cette question, il est difficile de répondre d'une manière précise. Selon le volcan ou le type de processus éruptif une éruption volcanique peut durer de quelques jours à quelques mois voire quelques années. Il est donc important pour les scientifiques de suivre l'évolution de l'éruption en intégrant un maximum de paramètres pour tenter de détecter les signes de fin d'activité. Il reste qu'en ce domaine le diagnostic du scientifique devra être prudent malgré les pressions éventuelles des autorités et de la population pressée de revenir chez-elle  après une évacuation.

 

H) Après la fin de l'éruption que se passera-t-il ?

 

Enfin, quand l'éruption se termine, il se produit fréquemment des phénomènes secondaires, qui peuvent être parfois aussi meurtriers et dévastateurs que le paroxysme éruptif. Des phénomènes comme les éboulements de terrain et surtout les lahars sont souvent autant sinon plus meurtriers que l'éruption elle-même. Il est nécessaire ici d'étudier en détail le type, l'étendue et la morphologie des dépôts  afin d'en déduire les éventuels risques pour les populations. Des cartes d'aléas des zones susceptibles d'être touchées en fonction de la topographie et la nature des terrains seront de la plus grande utilité pour les autorités. Une bonne communication entre toutes les parties concernées permettra d'atténuer le risque qu'il y ait de nouvelles victimes après l'éruption.

 


En conclusion

 

Si étudier, prévoir et alerter est la tâche première des scientifiques, il faut également absolument faire l'effort d'éduquer les responsables, les médias et les habitants et s'assurer qu'ils prennent les mesures appropriées. C'est en fonction de tous ces facteurs que l'on pourra vraiment faire le maximum pour atténuer de manière significative les effets des éruptions volcaniques, et sauver ainsi des vies humaines.

Néanmoins il faut aussi savoir accepter par humilité le fait que tout ne peut pas être prévu et que la nature reste, fort heureusement en dernier lieu maîtresse des événements.

                                                                                                                     H.Gaudru©2007

 

 

Henry Gaudru, président de la Société Volcanologique Européenne., membre de la Commission Internationale pour l'atténuation des risques volcaniques (IAVCEI) – Cities in Volcanoes Commission.

Conseiller scientifique auprès des Nations Unies pour la réduction des risques volcaniques (UNISDR)

 

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23 janvier 2008 3 23 /01 /janvier /2008 14:15

AMELIORER LA PREVENTION EN MATIERE DE RISQUE VOLCANIQUE

 

Quelques éléments à prendre en compte pour une meilleure prévention

 

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                                         Cap-Vert-Fogo-copie-1.jpg

                                                    













Eruption du volcan Fogo - Cap-Vert - avril 1995 - H.Gaudru



1 - Considérer les caractéristiques physiques des risques volcaniques

Les volcans présentent une grande variété de dynamismes éruptifs et peuvent donc générer de nombreux types de risque volcaniques. Cette grande variété de danger se présente avec des caractères physiques différents, ils peuvent affecter des zones diverses et se produire avec des fréquences différentes. A partir de ces considérations il est important que les cartes de risques intègrent les différentes menaces potentielles, les zones susceptibles d’être touchées et la probabilité d’occurrence de chacun des types de risque.

 

2 - Développement de scénarios

Le but principal de création de scénarios est d’envisager les magnitudes probables des éruptions et les risques associés avec la vulnérabilité des différents secteurs de la communauté et les conséquences de ces dangers. Le développement de ces scénarios doit impliquer les expertises des volcanologues, les planificateurs, les experts de la santé, les ingénieurs, les législateurs, les services sociaux et de secours d’urgence afin d’être certain que l’évaluation des risques englobe tous les secteurs de la société

 

3 - La vulnérabilité des édifices et autres infrastructures

Les vulnérabilités liées aux nombreux types de phénomènes doivent être considérées. Elles inclus naturellement les hommes, mais aussi les bâtiments, les voies de communications, agriculture et les autres secteurs d’activité économique. Outre les bâtiments, les routes, les voies ferrées, les réseaux de télécommunications, les canalisations de gaz et d’eau et les systèmes de distribution d’électricité apparaissent particulièrement vulnérables en cas d’éruption volcanique ( lahars, coulées de lave, retombées de cendres, coulées pyroclastiques). Contrairement à ce qui se passe dans le domaine des séismes, il n’y a encore que trop peu d’études concernant les vulnérabilités de ces types d’infrastructures

 

4 - Science et Education

Les efforts des volcanologues consistent principalement à essayer de comprendre comment le volcan fonctionne, quel est son comportement courant, et comment son activité est susceptible d’évoluer. Le développement de nouvelles méthodes de surveillance est donc extrêmement important pour prédire une éruption et permettre de déclencher une alerte rapide. Un volcanologue doit interpréter l’activité du volcan afin que le société puisse se préparer à répondre de manière adaptée et permettre d’éviter au maximum les pertes humaines et de limiter les impacts sociaux - économiques. Pour ce faire, les scientifiques, en collaboration avec les autorités locales et nationales doivent également promouvoir l’éducation des populations au sujet des risques volcaniques. Grâce à une meilleure compréhension des risques potentiels en cas d’éruption, les populations habitants autour des volcans vivraient avec moins de crainte. Dans l’idéal, une conséquence directe de cette éducation serait que les gens eux- mêmes reconnaissent le besoin d’adopter des mesures pour limiter les risques.

Henry Gaudru, conseiller scientifique auprès des Nations Unies (UNISDR) pour la réduction des risques volcaniques. (Genève - Suisse)


                                                                   

                                

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                                       Dialogue avec les populations lors de l'éruption du
                                    Mont Cameroun en 1999 - H. Gaudru - Mission UNISDR



 

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14 mars 2007 3 14 /03 /mars /2007 11:57

Les systèmes d’alerte précoce

 De nos jours, il existe beaucoup de systèmes techniques qui permettent de déclencher des alertes pour un grand nombre de risques naturels dont ceux liés à l’activité volcanique. Cependant, le problème fréquent qui survient est le faible lien entre la capacité technique à déclencher une alerte et la capacité du public  à répondre d’une manière effective à cette alerte.  Par exemple, la capacité de l’alerte à déclencher une réponse appropriée des agences chargées de la gestion de l’urgence, des différentes organisations de la communauté concernée elle-même et le public au sens large du terme.

 En outre, la compréhension par le public et la communauté des risques auxquels ils sont exposés manque souvent. Par conséquent des programmes de préparation, comme des planifications des terres et des zones urbaines, l’éducation du public et des programmes de sensibilisation s’avèrent  nécessaires pour améliorer l’efficacité des réponses en cas de crise.

Il faut aussi prendre en considération le fait que beaucoup de pays en voie de développement, en particulier les moins développer d’entre eux, ont des capacités limitées pour mettre en œuvre des systèmes d’alerte précoce efficaces et dans quelques cas ils sont même totalement absents. Une condition majeure pour améliorer cet état de fait est de développer des moyens au niveau national intégrant la réduction des risques, des capacités pour la gestion de ce risque et d’améliorer les équipement techniques parallèlement à des programmes de formation et d’entraînement des populations. Une collaboration scientifique et technique avec des organisations et des instituts de recherches des pays développées peut aider d’une manière importante au développement du système global d’alerte précoce pour les volcans.

Un système complet et efficace de système d’alerte précoce en direction des populations doit comprendre l’interaction de quatre éléments, la connaissance d’ensemble des risques et de la vulnérabilité au travers de l’état de préparation et de la capacité de réponse. Une faiblesse ou un défaut dans chacun de ces quatre éléments peut causer un échec du système dans son ensemble.

Connaissance du risque

 Connaissances déjà acquises par la communauté

Les aléas et la vulnérabilité sont ils bien connus ?

Quelles sont les caractéristiques et tendances pour ces facteurs ?

Les cartes de risque et les données sont-elles largement disponibles ?

 

 

Service d’alerte

 Surveillance technique et service d’alerte

Les bons paramètres sont-ils bien surveillés ?

Les bases scientifiques sont-elles suffisantes pour faire des prévisions ?

Peut-on déclencher des alertes fiables et suffisamment à temps ?

 

 

Diffusion de l’information

Diffusion d’alerte compréhensible aux populations

L’alarme peut-elle atteindre rapidement les populations menacées ?

 Les populations peuvent-elles comprendre les messages d’alerte ?

Ces messages contiennent-ils des informations appropriées et utiles ?

 

 

Capacité de réponse

Connaissance et préparation des personnes menacées leur permettant de réagir

Les communautés connaissent-elles leurs risques ?

La population fait-elle confiance au service d’alerte ?

Savent-elles comment réagir ?

Les plans sont-ils à jour et testés ?

 

 

    Les quatre éléments-questions d’un système d’alerte précoce centré sur les populations

 (Henry Gaudru – SVE-UNISDR) - 2006

 

 

 

 

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28 novembre 2006 2 28 /11 /novembre /2006 16:31

Volcanologie, éthique et médias

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 Depuis quelques années, les éruptions volcaniques attirent de plus en plus de monde. S’il faut se féliciter de cet intérêt pour notre science, ceci ne va pas sans créer de nouveau problème pour les équipes scientifiques qui travaillent dans les observatoires ou les équipes qui étudient les volcans. Si dans la grande majorité des cas, les personnels des observatoires ou des organismes de recherche se montrent accueillant aux visiteurs de passage, en cas de crise ces visiteurs impromptus peuvent être la source de complications. Entre les scientifiques extérieurs qui viennent observer ou étudier l’éruption pour leur propre compte, le jeune géologue ou étudiant qui croit avoir  trouver une nouvelle méthode « géniale », ou le pseudo-scientifique qui veut faire parler de lui dans les médias, les équipes en place sont confrontées a tout ce monde et doivent faire face à des situations qui les gênent souvent pendant les phases de crises aiguës.

 Au cours d’une crise volcanique, aussi bien intentionné soit-il, un scientifique non-invité peut être plus un fardeau qu’une aide. En premier lieu, l’équipe scientifique en place peut se sentir obligé de partager son temps et ses ressources logistiques et en second lieu, un visiteur peut par inadvertance ou par choix diminuer la crédibilité des scientifiques en place. Du fait de la présence de visiteurs étrangers lors d’une crise, cela peut laisser sous-entendre aux officiels, aux médias ou aux institution scientifique du pays, que l’équipe sur le terrain manque de compétence - ou de moyen – Certains de ces scientifiques de passage demandent même parfois une assistance pour leur proche travail non-demandé, ou pire encore,  s’exprime publiquement et en contradiction avec l’équipe en place. Avec les moyens modernes de communication ( téléphone, fax, emails ), il n’y a aucune excuse pour se rendre sur un volcan en crise sans y être préalablement invité.

 Quelquefois, des jeunes collègues bien intentionnés mais un peu naïfs qui travaillent dans d’autres secteurs de la Science  « découvrent » selon eux, une « importante et nouvelle méthode » pour prédire les éruptions et présentent leur idée directement aux autorités locales et/ou aux médias. En agissant ainsi, ils ne se rendent pas compte de l’impact négatif qu’une telle intervention peut avoir. Une conduite responsable serait de présenter  préalablement « l’idée » à la communauté scientifique  afin quelle soit étudiée de manière rigoureuse.

 Parfois, également, des scientifiques qui travaillent, notamment, en utilisant seulement les données de la surveillance à distance des volcans (remote sensing) ne résistent pas aux sirènes de l’exposition médiatique en lançant des messages d’alerte prématurés sans tenir compte des autres volcanologues sur le terrain. Même si souvent ces déclarations  sont générées par la sollicitation pressante des médias qui recherchent « l’événement » elles causent souvent  au minimum des pertes de temps pour l’équipe en charge du volcan et au pire une perte de crédibilité pour tous les scientifiques.

 Les crises volcaniques attirent aussi, très souvent, de pseudo-scientifiques, quelques-uns bien  intentionnés et quelques parfaits charlatans.  Ceux-ci refusent habituellement de passer leurs méthodes et leurs avertissements au travers du filtre de la rigueur pour qu’ils soient examinés. Si leurs alertes ou prévisions sont propagées par les médias, ils peuvent sérieusement  induire en erreur les officiels et le public et prendre beaucoup de temps pour les corriger.

 La plupart du temps les « alertes et prévisions » émises par ces pseudo scientifiques sont au mieux ignorées, mais parfois elles peuvent être à l’origine d’une grande anxiété chez les populations notamment lorsque l’auteur de ces « prédictions  » utilisent les journaux et les autres médias pour attirer l’attention. Dans ce cas une grande confusion du public peut naître d’un débat personnalisé par presse interposée, et il est préférable pour les véritables volcanologues de s’attaquer au contenu des ces prédictions et de les réfuter point par point avec des arguments scientifiques.

 Dans ce domaine, il faut toujours garder à l’esprit que la « renommée » médiatique ne rime pas obligatoirement avec la compétence et que même l’habit ne fait pas toujours le volcanologue.

 

Volcanologie et médias

 

 

 Du fait de son aspect spectaculaire, la volcanologie est l’une des sciences les plus médiatisées. Depuis quelques années, les émissions et les documentaires sur ce sujet sont de plus en plus nombreux. Malheureusement quantité ne rime pas forcément avec qualité et trop souvent ces programmes présentent une vision déformée voir fausse de la volcanologie.

 La mise en image de la volcanologie par la télévision influence beaucoup la perception du public sur la manière que travaille la majorité des volcanologues. Comme naturellement la télévision est avant tout un spectacle qui doit faire de l’audience, les maisons de productions et les chaînes mettent souvent l’accent sur le côté spectaculaire du volcanisme. Autant un bon documentaire télévisuel peut être une contribution remarquable pour la science, un mauvais film peut saper les efforts de la communauté scientifique dans ce domaine. Trop souvent les programmes focalisent sur des personnes plus ou moins en marge de la communauté scientifique qui choisissent soit de mettre leur vie en danger en s’approchant des zones actives sans nécessité ou de se mettre en scène lors d’éruptions intenses pour apparaître comme des « héros » modernes. Cela donne naturellement des films spectaculaires, mais certainement pas une vision réaliste de ce que vivent et font la majorité des professionnels. La mort de nombreux volcanologues au cours de la dernière décennie a sensibilisé les scientifiques aux mesures de sécurité et des efforts considérables ont été fait pour décourager ces attitudes irresponsables. La culture et la pratique de la volcanologie moderne sont à l’antithèse de l’image du casse-cou donné par ce type de programme. L’incorporation de personnalités marginales est quelque chose d’assez courant dans les émissions dites « scientifiques. Ceci reflète le fait que les « faiseurs de programme » ne savent nécessairement pas faire la discrimination entre le vrai et le pseudo-scientifique et la bonne et la mauvaise science. Naturellement une personnalité au fort charisme peut faire une bonne émission de télévision, même si l’aspect scientifique est faible ou erroné, mais elle peut également et surtout donner une image fausse de la volcanologie.

 Un autre problème provient du fait qu’après avoir  sollicité la contribution d’un ou de plusieurs scientifiques pour le programme, la maison de production ou la chaîne de télévision réalise seule le produit fini. Le volcanologue ou les volcanologues perdent entièrement le contrôle du documentaire, et souvent le film monté contient des commentaires avec du sensationnel ou du dramatiques largement exagéré  ne correspondant pas aux explications fournies initialement par eux.  Outre le fait que le film donne une image fausse de la volcanologie, les scientifiques qui auront collaboré à ce film seront critiqués voir même perdront leur crédibilité aux yeux de leurs collègues.

 Il  serait souhaitable dans ce domaine que l’on puisse envisager un genre de contrat qui stipulerait que le scientifique gardera un droit de regard sur le programme jusqu’avant sa diffusion et aura la possibilité de retirer sa contribution en cas de désaccord.

 Une autre possibilité serait d’encourager les scientifiques à travailler directement avec les maisons de productions, voire même de monter des productions entre les organisations scientifiques et les chaînes de télévision.

 A une époque où expliquer la science aux grand public est une priorité majeure, la télévision est un des médias clés et les volcanologues devraient s’impliquer beaucoup plus dans l’avenir afin que cette science apparaisse dans toute son importance et sa vérité pour éviter les dérapages des années passées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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17 novembre 2006 5 17 /11 /novembre /2006 11:53

Le rôle du volcanologue responsable d’un observatoire

 

 

Le volcanologue responsable d’un observatoire a un double rôle à jouer. Il se doit, si possible,  tout à la fois d’être un spécialiste et un humaniste. Du point de vue scientifique, il lui incombe en effet de recueillir, d’analyser et d interpréter les informations, et de s’efforcer de prévoir le début de la phase éruptive et le type probable de l’éruption ainsi que la nature et l’importance des dégâts qu’elle risque de causer. La prévision peut être considérée comme purement scientifique pour autant que c’est dans la mesure où elle se réalise que l’on peut juger de des données, de leur interprétation et de la compréhension que l’on a du mécanisme volcanique. Mais il est manifeste qu’elle a en outre un aspect primordial  dans la mesure où une prévision juste peut permettre d’éviter des pertes considérables en vies humaines et en biens matériels.

 

Dans un second temps, le volcanologue responsable, après en avoir discuté avec les membres de son équipe, doit rendre publique ses prévisions, et il doit expliquer parfaitement sur quels facteurs se base sa prévision. En outre, les prévisions et les explications doivent être formulées dans un langage le plus simple possible, qui puisse être compris par des non scientifiques. Il doit préférablement éviter de recourir à des termes scientifiques spécialisés ou à un jargon technique souvent incompréhensible au non spécialiste.

 

Le volcanologue responsable doit aussi être apte à collaborer avec des non scientifiques, à savoir les autorités politiques nationales et locales et les représentants des organisations de secours. Il doit comprendre les problèmes et les besoins auxquels ils ont à faire face, et à faire en sorte qu’ils sachent quels genres d’informations utiles il peut fournir,  sur quels facteurs elles sont basées, et naturellement les limites de ces informations.

 

 Il doit aussi établir des rapports de confiance avec les résidents des zones intéressées, non seulement avec les responsables, mais encore avec l’ensemble de la population. Une connaissance mutuelle doit s’établir entre eux. Il faut qu’il soit en mesure de comprendre leurs sentiments et leurs réactions, leur comportement dans les situations graves, et essayer d’atténuer les effets de celles-ci en gagnant leur confiance. La panique est en effet l’une des éventualités les plus dangereuses dans toute situation où il existe une menace. Elle peut transformer en désastre une situation qui aurait pu normalement être sans gravité. Si les habitants ont confiance dans le volcanologue et qu’il prend la peine de leur expliquer, dans leur propre langue si possible, qu’elle est au juste la situation et quels sont les véritables dangers qu’elle présente, le risque de peur et de panique sera sans doute bien moindre. Il est connu que les êtres humains ont une très grande aptitude à faire face sans affolement à des situations dangereuses quand ils comprennent la situation. Généralement ce sont les dangers inconnus ou incompris qui provoquent la terreur. Ce fait a été largement prouvé par les éruptions récentes.

 

Il y a toutefois une limite définie quant aux responsabilités du volcanologue, et les populations concernées doivent le comprendre. Bien qu’il se doive d’alerter et de conseiller quand une situation dangereuse survient,  il n’a pas, par exemple, la responsabilité de décider d’une évacuation. Cette décision est prise sur ses conseils par les autorités. Il peut naturellement donner son avis sur la sécurité des différents itinéraires d’évacuation, mais l’évacuation proprement dite est organisée par les autorités et les organismes de secours, conformément à des plans préétablis autant que possible.

 

Tous les chercheurs scientifiques ne sont pas forcément psychologiquement qualifiés pour s’occuper des aspects humains de la volcanologie, et, ceux qui ne le sont pas, ils doivent s’en abstenir et se consacrer aux tâches de collecte des données scientifiques et d’interprétation. Dans le cas contraire, ils risquent, avec les meilleures intentions du monde, de s’aliéner les personnes qu’ils cherchent à aider. Ce sont alors d’autres personnes, mieux qualifiées à cet égard, qui doivent alors être chargées des contacts avec la communauté. Ces chargés de la communication feront le lien entre le responsable scientifique les autorités et la population.

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14 novembre 2006 2 14 /11 /novembre /2006 14:27

Stratégie de l’information et de l’éducation pour la réduction des risques volcaniques

 Les éruptions volcaniques représentent un problème majeur pour beaucoup de pays en voie de développement et même pour les pays développés. Un grand nombre de communautés, incluant les grandes métropoles croissent autour ou parfois sur les volcans actifs exposant la population aux risques volcaniques. Aujourd’hui au travers du monde plus de 500 millions de personnes sont sous la menace. Bien que la technologie et la science puissent maintenant fournir dans la plupart des cas des systèmes d’alerte susceptibles d’avertir la population avant que ne survienne une éruption,  l’approche la plus effective pour réduire les pertes  demeure la prévention. Tant au niveau général ( social, financier et économique) qu’au niveau individuel (  bien-être social et psychologiques, émotionnel ou matériel, il apparaît souhaitable de mettre l’accent sur des actions préventives afin de diminuer les risques et leurs impacts. Ceci semble une meilleure voie que d’intervenir pendant ou après un événement éruptif dans des conditions d’urgence. Les implications sociales et économiques associées à une éruption volcanique sont une combinaison complexe d'activités   entremêlées desquelles résultent un certain nombre de problèmes. Cependant, les relations complexes entre les populations, les autorités et les scientifiques peuvent être améliorées par une information sérieuse et plus large possible sur les différents aspects de ces interactions mutuelles. Une réduction significative des risques ne peut être envisagée sans un dialogue entre les scientifiques, les responsables politiques au plan national et local et la population. Sur le terrain, une évaluation de la vulnérabilité des structures est l’un des principaux paramètre qui doit être considérés pour quantifier les dommages pouvant découler d’une éruption volcanique et par la même les menaces pour les populations vivant autour des volcans potentiellement actifs. Il faut également prendre en considération le fait que le niveau d’éducation et l’environnement culturel sont des facteurs déterminant de réussites des programmes de prévention et de réduction des risques. Le rôle de l’éducation et de l’information est donc un des aspects prioritaires pour une protection civile efficace. En effet, délivrer une information sans une préparation de tous les différents acteurs concernés par une possible éruption volcanique peut provoquer une panique avec tous ses effets négatifs. Dans chaque pays, il est donc souhaitable d’encourager le développement de programmes éducatifs spécifiques pour les officiels, les enseignants, les médias et le grand public afin de les sensibiliser aux risques. Le développement économique et social peut être freiné si les pays exposés n’incluent pas la réduction des risques dans leur planification.. En cas d’événement volcanique, l’assistance humanitaire peut se révéler inefficace si elle n’est pas reliée au développement.

 *Henry Gaudru, conseiller scientifique auprès des Nations-Unies pour les risques volcaniques - 2006 - Programme UNISDR 

Le volcan Tungurahua - Equateur

(Photo H.Gaudru - 1999)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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